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Après les études : un combat pour toucher les indemnités du chômage

*Attention ce texte contient des éléments mathématiques et de lois qui pourraient vous heurter, attachez votre ceinture*

Bien, enfin j’ai terminé mes hautes études. En raison de la modification de la loi sur les études et la formation professionnelle bourses de 2014, j’avais perdu ma bourse. Il n’est plus possible de recevoir de bourses après 10 ans d’études postobligatoire[1]. Pour ma part, j’ai effectué un apprentissage de 4 ans, 1 année de maturité professionnelle, 1 année pour la passerelle, 4 ans pour le bachelor. Pour mon master, il va falloir que je travaille. Hors sujet, mais on peut se demander à quoi ça sert d’offrir des bourses si les personnes qui en auraient le plus besoin, celles et ceux qui prennent des chemins de traverse, ne peuvent pas les toucher ? En ayant en tête cette perte de revenu, j’avais trouvé un travail. Ainsi, je travaillais à temps partiel. Me voilà, conjuguant mes études et mon travail à 50%, à 60%, puis à nouveau à 50% pour terminer mon mémoire.

Ce qui nous intéresse pour cet article ce sont les assurances sociales. Tout d’abord, je me vois ouvrir un droit à des indemnités à la hauteur du 80% de mon « gain assuré »[2], ce qui représente le 80% de 2’632 frs par mois. J’avais oublié de joindre mes diplômes.

Finalement, un calcul prodigieux se met en place pour prendre le 49.44% du revenu de mon travail, d’additionner le 50,56% du forfait auxquels ont droit les personnes terminant leurs études (80% de 153 frs par jour fois le nombre de jours ouvrables dans le mois), puis de cette totalité qui représente 4’125 frs de prendre le 73,64%[3]. De plus, comme mon revenu dépasse les 3’000 frs, j’ai 5 jours d’attente – c’est le cadeau de bienvenue du chômage – qui viennent réduire mon revenu pour le premier mois. Ce qui fait que je me retrouve à gagner 181,65 frs de plus de ce qui m’avait été calculé à la base. Vous avez mal à la tête ? Moi aussi. Ce n’est pas finit. Ceci ne sera appliquée que durant 90 jours. Oui, il y a encore un autre élément à comprendre. Lorsqu’une personne termine ces études en Suisse sans avoir eu un travail dit de « temps normal »[4], elle a d’abord 120 jours de pénalités – pourquoi faire des études franchement ? – puis, elle a droit à 90 jours de revenu qui sont les 70% ou les 80% des 153 frs du nombre de jour ouvrables dans le mois. Ensuite, c’est le revenu d’insertion, ou plutôt on y retourne car pendant les 120 jours de pénalités, il faut bien vivre.

Pour ma part, on me l’a soulignée, j’ai de la chance. J’ai directement droit au chômage. Devrais-je remercier l’État de m’offrir ces indemnités alors que j’ai cotisé durant toutes mes études ? 4 ans de travail à 50%, cela équivaut tout de même à 2 ans en plein-emploi. Mais ça, on s’en fiche.

Après ces chers 90 jours je vais me retrouver à environ 1’835 frs par mois. J’ai un loyer pour un 2,5 pièces de 1’025 frs. On me dit à la caisse de chômage qu’il y a des situations hybrides : « on est à mi dans le revenu d’insertion et mi à la caisse de chômage. Le revenu d’insertion viendra compléter vos besoins. ».

Ce qui me tracasse le plus…Il est bien noté dans la Constitution suisse à l’article 41[5] (c’est le même que celui qui garantit le droit à la sécurité sociale) que « les enfants et les jeunes, ainsi que les personnes en âge de travailler puissent bénéficier d’une formation initiale et d’une formation continue correspondant à leurs aptitudes ». Ma situation me laisse très perplexe, aurais-je du arrêter mes études ? Ou les éterniser afin d’avoir un revenu de gain assuré plus élevé ? Avec de telles conditions qui attendent les future·s étudiant·x·e·s lorsqu’ielles arrivent sur le marché de l’emploi, la Confédération et les Cantons s’engagent-ils vraiment en faveur des buts sociaux qui sont notés dans la Constitution ?

[1] Article 18, https://prestations.vd.ch/pub/blv-publication/actes/consolide/416.11?key=1543912369273&id=f639ccbd-15e3-4ec1-9f24-482f7edac40d

[2] Gain assuré : « Le gain assuré est la somme (salaire ou montant forfaitaire) retenue par la caisse de chômage pour calculer le montant des allocations qu’elle versera au chômeur. » (https://www.guidechomage.ch/articles/view/montant-des-indemnites-de-chomage/le-gain-assure)

[3] Ne me demandez pas pourquoi 73,64%, je copie ce qui est noté sur ma fiche de décompte.

[4] « Il faut que les fluctuations ne dépassent pas 20%, en plus ou en moins, du nombre moyen des heures de travail fournies mensuellement pendant la période d’observation » (https://www.guidechomage.ch/index.php?url=articles/index/perte-d-emploi-et-licenciement/le-travail-sur-appel-et-l-assurance-chomage)

[5] https://www.fedlex.admin.ch/eli/cc/1999/404/fr

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